Le choc du changement de ville ou de pays
Sortie du foyer familial,
Déménagement Province/Pays étranger -->Paris
Pour de nombreux étudiants et jeunes diplômés originaires de province ou venant de l'étranger, Paris reste une destination cible pour la diversité des études et pour les perspectives d’emploi. Cette attraction est même maximale dans certains domaines comme celui des arts (théâtre, musique, cinéma, métiers liés à la culture) ou Paris semble être l’endroit où les formations sont les plus cotées, où les personnes qui comptent se trouvent, où les opportunités.
Ces situations se produisent bien évidemment aussi pour des étudiants qui viennent de Paris et vont poursuivre leurs études dans des villes de province, ou alors à l'arrivée dans une grande métropole autre que Paris.
Prendre la mesure de l’écart et du cumul
Lors d’un déménagement en quittant le foyer familial lorsqu’on a 18, 20 ou 25 ans, l'attention se concentre sur le choix de l’Ecole et du logement. Or une multitude d’autres changements moins visibles se produisent également, dont l’impact psychologique est parfois plus important.
AVANT |
APRÈS (Paris) |
Impact psychologique possible (qques exemples) |
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Rythme |
marche normale (2,5 - 4 km/h) et on prend le temps pour les petites conversations du quotidien |
Marche accélérée (4-5 km/h), pas le temps pour les conversations, il faut planifier. |
Se sentir porté par le flux et ne plus prendre le temps de faire des choix pour soi. Réduction de la capacité à décider. |
Opportunités / Sollicitations |
Variables selon le milieu (rural, ville moyenne..) |
Très élevées - possibilités de sorties culturelles, activités sportives, rencontres… |
Stress de la planification, de l’arbitrage, de renoncer. |
Règles sociales liées au lieu d’enseignement |
Lycée, mode de fonctionnement classe et cour de récréation connus |
Modes de fonctionnement très différents entre l’université, la prépa, l’alternance, les écoles privées… |
Non adaptation aux règles sociales du lieu d’enseignement, effort relationnel trop important à fournir, isolement. |
Décision d’orientation |
au collège/lycée, basculement quasi automatique dans l’année suivante puis parcoursup. |
Décisions d’orientation parmi de nombreuses voies, parfois tous les ans. Arbitrage envie et employabilité. |
Ne pas choisir et soudain se demander “qu’est ce que je fais là”. Anxiété de la prise de décision, peur de se tromper. |
Décision de vie quotidienne / Gestion du temps |
Organisé par le rythme scolaire, l’emploi du temps, l’organisation de la vie de famille. |
Responsable de tout, faire à manger, faire les courses, heure de coucher, activités du week end… se fabriquer soi-même ses routines et les espaces de temps libre. |
Stress de procrastination, baisse estime de soi si mauvaise utilisation du temps |
Autour du logement |
En cas de logement en internat ou chez les parents, tous les services sont pris en charge (edf, loyer, caf…) Les règles de vie commune dans la famille sont connues |
Gérer soi-même, dépenses, budget, fin de mois, bail, dépôt de garantie, état des lieux.. Si en colocation, les règles de vie communes sont à construire |
Stress de prise de décision et de procrastination Capacité à dire non, difficultés face à la gestion de conflits. Définir ses propres valeurs et limites pour la vie commune. |
Cercle d’amis |
établi depuis l’Ecole, le collège ou le lycée, enrichi par les activités extra-scolaires, les voisins. |
A construire, nécessité de fabriquer soi-même des opportunités de rencontres, besoin d’établir le premier contact… |
Difficulté à tisser des relations, évitement social et perte de confiance, sensibilité au regard des autres… |
Finances |
Souvent pris en charge par les parents |
Autonomie financière ET dépendance financière. Prêt étudiant/dette aux parents |
Stress d’atteindre son autonomie financière, sentiment de solitude face aux finances, pression auto-induite de limiter fortement les dépenses… |
Problèmes / urgences |
gérés avec l’appui des parents qui sont en première ligne |
L’étudiant en première ligne pour gérer un dégât des eaux, problème de bourse, un dépassement bancaire.. |
anxiété, angoisses liées aux situations exceptionnelles non maîtrisées. Troubles du sommeil. |
Pris individuellement chacune des lignes représente une compétence à acquérir face à une situation nouvelle. L’adaptation est parfois rapide et sans douleur et fait partie d’un apprentissage classique de la vie en société, et du fonctionnement en mode urbain “intense”. Parfois l’adaptation est longue et pénible et des difficultés psychologiques peuvent apparaître quand p.ex.:
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le jeune adulte sous-estime l’écart, p.ex. pense que de se faire des amis à l’université ce sera assez facile et fait face à des situations ou ça représente un obstacle significatif. Comme il y a beaucoup de changements, la probabilité que l’un d’entre eux vienne appuyer sur un zone de difficulté (stress ou trauma du passé, souffrance dans une posture de situation..) est augmentée. Ex. Se retrouver dans un nouveau corps social réveille des souvenirs de harcèlement du collège.
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le jeune adulte estime correctement les écarts mais uniquement sur 1 ou 2 paramètres (ex. logement et amis) et n’a pas conscience des écarts sur d’autres paramètres (ex. rythme de vie, pression sur l’argent).
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le jeune adulte estime correctement les écarts sur l’ensemble des paramètres mais ne réalise pas clairement leur effet cumulatif sur le stress de chacun d’entre eux. Il peut alors se développer un sentiment soudain et persistant de “qu’est ce que je fais ici? à quoi bon tout ça?” et une perte d’énergie ou une forte fatigue.
Stratégies de "coping" ou d'adaptation
Souvent les stratégie adoptée face à ces situations sont souvent de 2 natures
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confronter - “se forcer à s’adapter”, faire face. Conséquence possible dans la durée = l’oubl de soi, la perte des envies, l’épuisement, l’irritabilité, l’incapacité à se projeter, la déprime. Dans cette situation les pistes de résolution à expérimenter seraient notamment
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retrouver progressivement ses envies, ses désirs
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sortir du cycle “se forcer + récupérer” et créer des temps de plaisir actif pour soi
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expérimenter le “faire moins” dans certaines situations, lacher prise
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éviter - “se dire qu’il faudrait faire dans sa tête mais ne pas ou presque pas faire les choses dans l’action”. Conséquence possible dans la durée = procrastination perte d’etime de soi, retrait social, culpabilité de dépendance financière. Dans cette seconde situation les pistes de résolution à expérimenter seraient notamment
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revenir sur des objectifs plus simples, plus proches, minimaux que ceux créer dans la tête qui sont avec le temps devenus trop ambitieux, et dont la non-atteinte au quotidien entretient la culpabilité.
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expérimenter la procrastination auto-imposée: si je m’étais fixé de faire 1 tache aujourd’hui, et que je ne l’ai pas faite, il m’est interdit de la faire pendant 3 jours, car cela signifie que je ne suis pas encore prêt pour la faire.
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et d’autres…
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