Quels blocages au rebond mental post covid chez les 18-34 ans?
Pendant la période covid et l'enchaînement des confinements, un consensus s'établissait sur le diagnostic de déprime et de retrait social de la population. J’ai senti depuis quelques mois auprès de mes patients un besoin croissant de trouver une nouvelle direction pour leur vie suite à une longue période covid qui les a essentiellement immobilisé alors que maintenant ils cherchent à se remettre en mouvement, mais vers où? vers quoi? et pourquoi?
J’observais que je me retrouvais face à des dynamiques de rebond post covid très hétérogènes selon les individus. Dans mes recherches j’ai lu avec beaucoup d’attention la dernière étude de la Fondation Jean Jaures sur “Les Français, l’effort et la fatigue”. En effet, se remettre en mouvement après une période de fatigue, demande un EFFORT.
Focus sur les 18-34 ans
Dans cette étude, il est demandé à des personnes de dire pour un certain nombre de termes, s’il vous évoque quelque chose de plutôt positif ou de plutôt négatif.
Les écarts entre les réponses apportées par les 18-24 et 15-34 ans d’une part et la moyenne des français d’autre part sont très éclairants et font apparaître de véritables différences entre les deux groupes.
Termes perçus plus POSITIVEMENT que la moyenne des français |
Termes perçus plus NÉGATIVEMENT que la moyenne des français |
|
18-24 ans |
Canapé, Ambition |
Plaisir, Persévérance, Effort |
25-34 ans |
Lit, Repos |
Progresser, Travail |
On retrouve chez les 25-34 ans plutôt une usure professionnelle et un besoin de récupération alors que chez les 18-24 c’est peut être plutôt un manque d’envie et de motivation à l’effort. La différence entre le lit (besoin de dormir) et le canapé (besoin d’oisiveté) est notoire. A noté également que le mot "carrière" lui reste positif au même niveau que pour la moyenne des français.
La suite de l’étude est tout à fait étonnante. Les 25-34 ans ont l’impression clairement d’être moins motivés dans ce qu’ils font au quotidien qu’avant covid alors que les 18-24 ans sont le seul segment qui soit plus motivé qu’avant la crise sanitaire.
Par rapport à la moyenne des français, en comparaison à la période avant Covid se ressentent : |
|
18-24 ans |
+ motivés, + de pratique de sport - fatigués, - impatients, - solides mentalement, - envie de pleurer |
25-34 ans |
+ fatigués, + impatients, + flemme de sortir de chez soi, + envie de pleurer - motivés, - solides mentalement |
Il en ressort que les 18-24 ans vont mieux mais ont moins envie, moins d’attentes et une volonté de se maintenir et de se préserver.
Les 25-34 ans de l’autre côté sont en crise psychologique marquée, avec des signes d’épuisement, voire de burn-out..
Le rapport à l’entreprise apporte aussi un éclairage sur les attentes des jeunes adultes en tant que salariés
Par rapport à la moyenne des français, les critères qui feraient ne PAS rejoindre un emploi / une entreprise |
|
18-24 ans |
concentration et pression mentale, niveau de responsabilités, horaires trop contraignants |
25-34 ans |
lieu de travail trop éloigné, horaires trop contraignants, efforts physiques trop importants |
Je trouve très méritant de mettre en avant les difficultés et les souffrance de la population de jeunes diplômés dans leurs premiers emplois, dont beaucoup se retrouvent à bout de souffle en début de carrière.
Un accompagnement différencié nécessaire
Chaque cas individuel est bien sûr différent mais ils semble que 2 situations et 2 besoins thérapeutiques distincts émergent.
-
Les 18-24 ans semblent avoir à la fois un meilleur réservoir d’énergie, de l’ambition et moins de capacité d’effort, ce qui peut sembler paradoxal. Or pour avoir envie de fournir un effort il est essentiel d’avoir une envie, un objectif… et de surmonter l’indécision, les doutes pour choisir un objectif. Le sujet c’est le passage à l’action.
-
les 25-34 ans eux sont clairement épuisés et la priorité du thérapeute sera de faire que les patients retrouvent des ressources et sortent du fantasme du cycle effort→épuisement→récupération→effort….. L’effort est accepté mais l’épuisement arrive trop vite, peut être à cause de croyances positives perdues dans le travail, l’ambition et le progrès.
Vous vous retrouvez en partie dans une de ces deux situations, contactez moi pour une séance d'essai en thérapie brève.