"Fais un effort ! "
"Fais un EFFORT" - effort, procrastination et élan personnel
Aujourd'hui le divertissement est omniprésent, accessible en quelques clics sur des plateformes comme Netflix, Spotify ou TikTok. ce sujet est lié à au thèmes des écrans en général mais nous abordons ici le lien à la notion d'effort et sa perception dans un contexte de procrastination plutôt que les éventuels impacts de dépendance, impression de temps perdu ou encore de décalage de rythme de journée ou impact spécifique des vidéo de courte durée (youtube shorts, tik tok). Ce format de vidéo courtes est identifié comme étant celui qui demande le niveau minimal d'effort cognitif.
L'accès constant par le biais de nos smartphones à du contenu divertissant, illimité et rendu pseudo gratuit par le biais de l'abonnement modifie notre rapport à l'effort, rendant plus difficile l'engagement dans des tâches nécessitant effort, patience et persévérance. Cette notion d'effort reste plus facilement praticable lorsqu'elle est cadrée par des règles et des exigences de performance en milieu scolaire ou professionnels (examens, attentes clients…).
La propension à procrastiner est exacerbée sur les projets perso
A contrario, cette difficulté est démultipliée lorsqu'il s'agit d'avancer sur des activités personnelles consacrées au "temps pour soi" comme p.Ex. projet créatifs, hobby, activité sportive, apprendre de nouvelles choses, choisir un médecin ou un nouvel appartement... Ici jouent plusieurs facteurs, notamment
- l'absence de cadre de performance, qui peut faciliter la procrastination "je démarrerai le projet demain."
- l'autorisation et l'élan à se donner à soi même pour démarrer des actions consacrées à soi même, à son développement personnel, à son bien être profond.
- l'absence dans les tâches de récompense instantanée, puisque les premières tâches d'un projet ne génèrent pas en tant que telles un résultat positif.

Capacité d'effort bloquée --> découragement --> baisse estime de soi
Démarrer un épisode de série est souvent perçu comme un acte sans effort : un clic, et l'histoire se déroule seule. Le rythme rapide des images, les intrigues captivantes et le faible engagement cognitif rendent ce choix attirant, presque automatique. En revanche, lire un article de vingt lignes ou définir des critères de choix pour un nouvel appartement peut sembler paradoxalement, plus exigeant. L'esprit doit se concentrer, comprendre le contenu et intégrer de nouvelles informations – une tâche qui demande de l'énergie mentale.
Le développement de projets personnels qui demande des capacités d'engagement soutenu, une approche par étapes où l'effort de démarrage important peut produire un blocage, engendrant chez certains jeunes un sentiment de décalage, d'échec, voire de découragement. Des études scientifiques récentes démontrent d'ailleurs le lien entre l'habitude d'un effort cognitif à minima par le visionnage récurrent de vidéo courtes et la procrastination scolaire/académique mais aussi à un niveau psychologique sur le sentiment d'anxiété académique.
Entre pression, frustration et sentiment d'impuissance
Paradoxalement, l'abondance des options de divertissement en illimité censées fabriquer de la détente, de la récupération d'énergie agit comme un facteur de stress déguisé, venant nourrir un malaise lié à une pression de performance et à la peur de l'échec.
Certains jeunes adultes se décrivent comme "bloqués", "épuisés avant même de commencer", ou ressentent une culpabilité tenace de ne pas parvenir à se concentrer.
D'autres expriment une forme de lassitude, un "épuisement mental", voire un "rejet" de toute activité jugée trop exigeante. Cette spirale peut plonger dans un sentiment d'impuissance, car l'effort apparaît comme une tâche herculéenne, irréalisable dans un contexte où le cerveau est conditionné à rechercher la récompense immédiate. Il peut y avoir une forme de boucle de dépendance, dans laquelle se combinent distractions et culpabilité, accentuant ainsi la souffrance psychologique.
2 propositions d'expérimentation : "l'ennui contrôlé" et "la procrastination inversée"
Les approches issues de l'École de Palo Alto peuvent offrir des pistes d'action pour transformer des comportements bloquants en éléments d'analyse et d'expérimentation.
L'expérimentation de l'ennui contrôlé : Plutôt que de se forcer à éviter les distractions, je vous conseille de vous donner intentionnellement des plages de temps consacrées à l'ennui pur. Pendant 20 minutes, vous n'aurez ni musique, ni écran, ni autre occupation que celle de rester présents à vos sensations. Paradoxalement, cet exercice crée un espace de rupture et peut réhabiliter l'attention en habituant l'esprit à tolérer l'absence de stimulation.
La « procrastination inversée » : Plutôt que de vous imposer une discipline stricte, il peut être bénéfique d'expérimenter la procrastination « à l'envers ». En début de journée, au lieu de se laisser happer par les distractions, autorisez vous une première action réduite, modeste, dans la direction d'une tâche souhaitée sans obligation d'aller plus loin. Cela permet d'alléger la pression en évitant l'injonction de performance continue, et de découvrir que l'effort peut devenir plus facile à accomplir lorsqu'il est abordé sans obligation.
En troisième option vous pouvez aussi créer des îlots de « satisfaction différée » : En intégrant des moments de satisfaction différée dans la journée, par exemple en établissant une « mini-routine » où les divertissements sont accessibles seulement après avoir accompli certaines tâches. Vous apprendrez ainsi à percevoir l'effort comme une source de récompense. Cette micro-réorganisation des priorités crée un climat de satisfaction personnelle, favorisant une meilleure acceptation de l'effort, sans que celui-ci ne soit vécu comme un sacrifice
Ces approches systémiques et paradoxales aident à reprendre progressivement contact avec l'effort, en rééduquant la capacité à tolérer la frustration et en réévaluant les priorités et donnant corps à sa volonté. Il peut s'engager une boucle plus vertueuse par la réalisation par étapes de projets personnels entraînant une diminution de la culpabilité et une réduction de la perception d'effort.